Les Guildes d'Aranor
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 Une impromptue et téméraire visite [Lyra]

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Deryn Basalt
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Deryn Basalt


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MessageSujet: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyLun 13 Avr 2015 - 17:55

Une chose était certaine.
Alors qu'avant, je considérais l'océan comme quelque chose de plutôt pratique pour transporter les marchandises et les hommes, et de vaguement et lointainement périlleux, j'étais à présent persuadée de deux choses. Premièrement, que je n'avais pas le pied marin. Deuxièmement, que je ne monterai jamais plus sur un bateau.

À l'instant où le navire s'approcha du bord, je m'étais déjà élancée.
Trop rapide pour qu'ils conçoivent seulement l'espoir de me rattraper cette fois.
(Ce qu'ils n'avaient réussi que par un coup de chance et une pointe de sentimentalité de ma part.) Akeraï. J'étais dans mon élément. Qu'ils essayent seulement de rattraper un tigre dans sa propre forêt, et ils comprendraient à quoi ils avaient échappé la première fois.

¤

La porte claque avec un bruit sourd et le manteau coule fluidement le long du portant.
Le tintement des armes touchant le parquet du sol résonne contre les murs taillés dans la pierre d'Akeraï, d'une couleur ocre-verte sombre. La silhouette noire qui est sortie du manteau s'engouffre dans une pièce attenante sans même un regard pour les ordres de missions, les lettres et les autres paperasses qui s'empilent sur la table d'ébène mat qui sert de bureau.

Je ferme les yeux en entrant dans l'eau brûlante.
Mes muscles éreintés protestent à son contact, puis se détendent peu à peu.

¤

Après avoir tourné quelques temps dans la ville, comme pour être certaine que rien n'avait bougé en mon absence je m'étais arrêtée dans une taverne, loin du port et des odeurs de poisson et de fruits de mer à moitié en train de pourrir.

Je m'installai au bar et commandai une boisson au nom imaginaire.
L'homme me servit un verre sans même m'adresser un bonjour ou un regard.
Le récipient ne contenait que de l'eau. Je le portai à mes lèvres et le but d'un trait –glissant dans ma manche le bout de papier qui s'était trouvé sous le verre– avant de grimacer. Ce n'était pas tout à fait de l'eau. D'un même mouvement, j'en profitai pour payer et me lever.

Je me dirigeai vers la porte avec un pressentiment étrange.
C'était la première fois que mon informateur changeait l'eau pour de l'eau de vie.
Voulait-il me faire passer un message ? Me dire que j'étais suivie par exemple ? Je parcourus rapidement la salle de mon regard furtif et inquisiteur à la fois. Ça n'allait tout de même pas recommencer...

Une fois passée la porte, je glissai ma main à l'intérieur de ma poche pour y déposer le papier.
J'aimais bien ne pas m'en remettre entièrement aux informateurs de la guilde concernant ce qui se passait en ville –ou ailleurs. Après tout mieux vaut diversifier ses sources. Cela fait, je rabattis ma capuche sur mes yeux et décidai de faire plusieurs détours au pas de course pour perdre mes poursuivants.

Car je m'aperçus bien vite que j'étais bel et bien suivie.
De loin et presque timidement, d'ailleurs. C'en était presque touchant.
Il aurait suffit que j'accélère pour le semer définitivement, ou que je m'arrête et me cache pour le réduire au silence, mais je m'aperçus que je voulais m'amuser. Cela faisait tellement de temps... je décidai donc de me laisser pister jusqu'à la guilde, où j'aurai toute la place et tout le temps que je désirerais.

C'est ainsi que lors d'un tournant, j'aperçus qui me poursuivait.

Lyra...
Lyra ?!
Lyra.

Je manquai de me prendre les pieds dans une palissade que mon cerveau avait prévu de souplement escalader. Lyra ? C'était elle qui me pistait depuis tout à l'heure ? Pourquoi ? Et pourquoi ne s'était-elle pas simplement annoncée ?

Comme si c'était aussi simple.
Bon, je voulais bien admettre que je n'étais pas aussi facilement abordable que cela.
Mais je ne comprenais tout de même pas son attitude. Jusqu'où comptait-elle me suivre ? Je faillis changer mes plans et décider de la confronter directement, puis revint doucement à mon plan initial, avec un sourire aux lèvres.

Elle voulait me suivre ? Soit, je la laisserai faire.
Mais surtout, qu'elle ne vienne pas se plaindre si cela ne s'achevait pas de la façon dont elle l'avait imaginé –quoi qu'elle eusse imaginé.

¤

L'eau ruisselle sur mes formes, gouttant de mes cheveux roux en lourdes perles.
Je les essors avec un sourire sur mon visage aux traits apaisés. Cela faisait plusieurs semaines que je n'avais pu prendre un vrai bain, entre toutes ces péripéties...

Je savais que mon invitée était entrée dans la guilde.
Et je savais qu'elle allait entrer dans cette pièce dont la porte était légèrement entrouverte.
Je l'attendais patiemment, assise dans l'eau chaude.
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Lyra Maar
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyLun 20 Avr 2015 - 11:15

Je soupirai de soulagement en posant un pied sur le quai. Il me semblait n'avoir jamais été aussi heureuse d'accoster de toute ma vie. Dire que j'avais toujours rêvé d'être en mer et que maintenant, il m'arrivait de me réjouir d'amarrer... Il ne fallait pas omettre de préciser que ces dernières semaines à bord du Dernier Baiser avaient été quelque peu éprouvantes. La tempête avait failli nous rendre fous, mais les talents de John Long Silver n'étaient pas que légende hélas. Il n'y avait aucun doute, si l'océan devait avoir un maître, c'était incontestablement elle.

Le dernier regard que je lançai derrière moi croisa celui de la capitaine. Légère approbation du menton. Fin et discret sourire. Je lui renvoyai et m'élançai sur le pont d'un pas décidé. Cette halte avait été tant désirée que je ne manquerai pas d'en profiter.
L'air était frais en cette matinée de printemps. La légère brise mêlait les embruns aux odeurs du poissons sur les quais et venait titiller mes cheveux. Je retroussai mes manches jusqu'au coude en dépassant les marins du Négociant, un célèbre navire de commerce de Quetaïn. D'un œil envieux je regardai les vivres s'entasser sur le pont. Barils, tonneaux de vins et de poissons, cageots de fruits et légumes, sacs de céréales, rouleaux de soie, coton, laine, il y avait de tout. Heureusement pour lui que le navire avait choisit la voie du cabotage, de l'acheminement des marchandises en ne s'éloignant jamais des côtes, car les pirates se seraient donnés à cœur joie de l'aborder s'ils en avaient eu l'opportunité.

Je jetai un coup œil autour de moi en passant près d'une cagette. Personne ne semblait regarder. Je m'approchai l'air de rien, tendis une main, m'emparai d'une pomme et en croqua la chair fraîche et juteuse.

- Voleuse ! Quelqu'un hurla derrière moi.

Je jurai, me retournai, eus le temps de voir les marins s'élancer avant de décider de faire de même. C'était stupide quand même, pour une simple pomme ? Il leur en fallait peu. C'était une pomme, juste une pomme ! Je courus jusqu'à quitter le port, ses navires, ses marins, ses tentations et m'engouffrai dans la ville. Une fois dans les rues étroites d'Akeraï, que je n'avais jusqu'à lors jamais eu l'occasion de découvrir, la foule des jours de marchés se chargea de perdre mes poursuivants.
Je me retournai pour vérifier encore, croquai une nouvelle fois dans le fruit, revins à mon chemin, esquivant les gens qui, pressés et les bras encombrés de sacs, ne se gênaient pas pour me bousculer. Je lançai la pomme à des cochons dans un enclos.

Traversant à un carrefour, une démarche singulière attira mon attention.

J'esquissai un léger sourire en me rappelant que notre invitée était partie bien vite du navire. En un coup de vent elle était déjà à terre, alors que nous n'avions pas finis d'amarrer. J'ignorais si c'était l'appel des affaires qui l'avait ainsi lancé sur le pont mais une chose était sûre, tout le monde n'était pas fait pour vivre en mer et elle, elle ne l'était pas.
D'ailleurs, Akeraï était le berceau des assassins. Où allait donc t-elle ? Intriguée, je tentai de la suivre discrètement.

Elle entra dans une taverne, aussi pris-je mon mal en patience en attendant qu'elle en sorte, ce qu'elle fit quelques longues, interminables minutes plus tard. Là, elle rabattit son capuchon sombre sur son visage et fila dans les rues. Je la suivis. Elle avait la démarche féline, manteau coulant derrière elle. Il n'y avait aucune hésitation dans son pas. Posé, déterminé, assuré. Dangereux. Un souffle chaud frôla ma joue. Sur ma gauche un cracheur de jeu amusait les enfants. Je lui lançai un regard noir, manquai de l'insulter avant de percuter que je ne devais pas perdre ma cible.

Ayant pris du retard je bousculai les gens, me glissai entre eux de profil, écartai d'une légère prise mais ferme des épaules pour me frayer un chemin. Mes yeux parcouraient la foule. Je l'avais perdue. Où pouvait-elle bien être passée ? Il était impossible de se volatiliser, elle ne devait pas être loin. Arrivée à un croisement de rues, je m'arrêtai, jurai silencieusement encore, regardai rapidement chacune d'elles, rien, personne. Je serrais les dents quand un manteau dans la foule me rappela le sien. Je m'élançai de nouveau.

* * *

Elle avait finalement poussé une lourde porte en bois, qui avait grincé en l'ouvrant. J'avais attendu quelques minutes avant de faire de même, priant pour que personne n'entende ce grincement si caractéristique et m'étais glissée à sa suite dans le vaste couloir sombre.
Il n'y avait plus aucun bruit de pas. Seules les quelques gouttes qui s'écrasaient sur le sol par-ci par-là faisaient échos dans les galeries. Je me demandais bien où je pouvais être et brusquement le doute m'envahit. Qu'est-ce que je fichais là ? Qu'est-ce que je voulais ? Pourquoi avais-je fais tout ça ?

En proie à la panique j'allais renoncer quand d'une porte sur ma gauche fuitait une douce lumière.

Je m'approchai, collai une oreille sur le bois de la porte. Rien. Pas un froissement. Je posai une main sur la porte et poussai doucement. Le battant s'ouvrit plus encore, cette fois sans un grincement. Je l'entrouvris, jetai un œil au bureau que la pièce semblait être et choisis de franchir le pas. Je me glissai dans l’entrebâillement et refermai avec précautions derrière moi.

Mais qu'est-ce que je fichais là ?

C'était un bureau, avec de la paperasse, un encrier, une plume, des bougies, des torches aux murs de pierres taillées. Une odeur agréable y flottait. Je fronçai les sourcils. Ca sentait le bain. Armes, vêtements étaient déposés là. Plus loin, après les rangées d'étagères chargées de parchemins enroulés il y avait une ouverture. Discrète mais existante. Je m'approchai, lentement, faisant le moins de bruits possibles, profitant de ceux de l'eau pour me couler avec discrétion.

L'entrée donnait sur une autre pièce, plus petite, plus sombre, bien qu'éclairée par quelques lumières. En son centre, le feu des torches courait sur les courbes de la silhouette féminine qui était assise dans l'eau, de dos, cheveux regroupés sur une épaule nue.

- J'ai connu plus chaleureux comme endroit, fis-je, moqueuse.

Je m'avançai avec lenteur, m'assis près d'un bord en faisant tinter mon sabre sur le sol, y posai négligemment un bras, pliai un genou.  

- J'ose espérer que ma présence n'importune pas trop.

Un regard à l'eau m'apprit qu'elle était encore chaude, limite brûlante si j'en croyais la vapeur qui s'en échappait et celle qui courait sur la peau humide de l'assassin. En remontant, je croisai son regard vairon si particulier, haussai un sourcil provocateur, esquissai un sourire espiègle.

- Notre mauvaise compagnie explique t-elle ce départ si précipité ?
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Deryn Basalt
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyMar 21 Avr 2015 - 22:11

On aurait pu se croire en pleine scène onirique.
L'eau gouttait de ma peau, retournant au bain d'où elle se réchappait par volutes, recommençant le cycle encore et encore. J'avais entendu mon invitée entrer, d'un pas certes discret, mais reconnaissable. Je n'en étais plus à me demander comment je pouvais reconnaître un pas que je n'avais entendu qu'à quelques reprises.

Ma seule hésitation consistait à me retourner ou non.
Je pressentais que les malaises qui m'avaient pris lorsque je l'avais rencontré sommeillaient non loin, en marge de ma conscience. On aurait pu penser que je ne l'avais ni entendue ni perçue étant donné que je ne réagis pas et ne répondis rien à sa première remarque, du moins à haute voix.

Un "Vous n'étiez pas obligée de venir." me traversa l'esprit, mais je l'effaçai aussitôt, le trouvant aussi déplacé et mesquin. Qui plus est, s'il y avait une chose dont je n'avais pas envie, c'était qu'elle reparte.

– J'ose espérer que ma présence n'importune pas trop.

"Votre présence n'est pas importune."
C'est moi qui l'avait laissée me suivre, moi qui l'avait conduite jusqu'ici.
Certes, elle m'avait suivie, mais j'aurais pu la semer et je ne l'avais pas fait, alors c'était en partie de ma "faute", si l'on peut dire.

– Notre mauvaise compagnie explique t-elle ce départ si précipité ?
– J'avais besoin de retrouver un sol sous mes pieds, répondis-je laconiquement, presque mécaniquement, sans y penser, regard fixé sur les vaguelettes de l'eau brûlante.

Je réalisai quelques secondes plus tard que ma phrase avait des chances de la vexer.
Ou peut être pas.

Je ne savais pas.
Cette femme était... imprévisible.
Je ne savais jamais, avec elle. Et je détestais ne pas savoir.
Ne pas pouvoir prévoir, ne pas pouvoir analyser, anticiper et tracer des plans.
Mes prévisions ne marchaient pas sur cette femme. À un moment elle se montrait cynique, l'autre attentionnée, le moment d'après moqueuse comme un geai... je ne savais jamais sur quel pied danser, et cela me perturbait au plus haut point.

Non que j'aime particulièrement danser.

– Vous n'avez pas peur ? fis-je plus bas, presque en murmurant et toujours sans la regarder. Cette fois, les rôles sont inversés...

"Et vous ne savez pas de quoi je suis capable."
La menace planait, doucereuse et terrible. Mais c'était surtout une question qui venait du cœur.
"Pourquoi me suivez-vous ? Pourquoi ne vous enfuyez-vous pas alors que vous savez qui je suis ?" J'ignorais pour qui elle me prenait, mais elle oubliait peut être trop vite que je n'étais pas une enfant de cœur.

Elle s'était aventurée jusque dans la tanière, jusque dans la gueule du loup...
Et maintenant ? Pensait-elle que l'épée qu'elle avait gardé à la ceinture lui donnait automatiquement la victoire ? J'imagine que lorsqu'un pirate est désarmé, c'est un mort en sursit, mais pour un assassin, c'est une toute autre histoire...

Qu'avait-elle donc eut l'intention de faire, en s'aventurant jusqu'ici ?
Que pensait-elle que la si dangereuse et si redoutée Dernier Regard allait faire d'elle ?
Je me retournai enfin pour planter mon regard dans le vert du sien.

Et que pensait Dernier Regard elle-même, d'ailleurs ?
À l'instant, pas grand chose, le regard plongé dans celui de la pirate.
Je me demandais surtout si j'étais capable de faire tomber le masque de cette femme, et songeais à la manière la plus sûre d'y parvenir.

Je la regardai de sous mes longs cils, l'air à la fois légèrement boudeur et mutin, comme un enfant prit en faute mais qui n'a aucune intention d'abandonner son jeu si prometteur.
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyMer 22 Avr 2015 - 18:14

- J'avais besoin de retrouver un sol sous mes pieds, marmonna t-elle, détachée, le regard perdu dans le vague.

Il fallait croire à l'observer figée sur les ondulations de l'eau qu'elles étaient plus intéressantes que le début de notre conversation. Je sourirai de plus bel, mais des yeux seulement, ne pouvant étendre plus encore le sourire moqueur que j'arborais déjà. Un sol sous ses pieds ? Oh, vraiment ? C'était amusant. L'océan était peut-être indomptable et la navigation un art loin d'être infaillible, la terre ferme était le pire endroit sûr. C'était connu ; des plus immondes créatures d'Aranor, c'était les Hommes qui surclassaient toutes autres. Un penseur pris pour fou n'avait-il d'ailleurs pas déclaré que l'homme était un loup pour l'homme ? Enfin, c'était possible que ça ne soit qu'une vieille légende. Je n'en avais eu vent qu'au coin des tables de taverne, un peu saoule...

J'essayais de me rappeler les détails de l'histoire, bien lointaine, quand un souffle m'arracha à mes souvenirs.

- Vous n'avez pas peur ?

Je levai de nouveau les yeux vers elle, sérieuse, les laissai glisser de son regard aux iris si étranges, à sa peau, à la courbure de ses lèvres dont s'échappait un nouveau murmure.

- Cette fois les rôles sont inversés.

Mon regard remonta. Immanquablement dans le temps, elle tourna alors ses yeux sur moi. J'ignorais si elle avait tout calculé dans la moindre seconde mais il était certain que l'effet était réussit. Elle m'avait regardée une fois le silence revenu, pourtant le sous-entendu, lui, continuait de planer avec splendeur. Si j'avais peur ? De quoi donc ? Si j'avais été habitée par la peur je n'aurais pas décidé de la suivre à travers la ville, les couloirs ; je n'aurais pas poussé la porte du bureau, ne l'aurais pas refermée, ne me serais pas approchée autant.
Et pourtant j'étais bien là.

Le sourcil qui s'était abaissé tandis que je fouillais dans ma mémoire s'arqua de nouveau. Un indélébile sourire en coin le suivit. Clairement indissociables.

- Peur ? De quoi ?

Pause.

- D'une assassin ?

L'interrogation était réelle et sincère. Non mais vraiment, quelle idée, quelle question ! Pour qui me prenait-elle. La peur, je la connaissais. Je savais reconnaître le danger et que ça lui plaise ou non, elle n'en consistait pas un. Elle était probablement une experte redoutable, avait sûrement eu des centaines et peut-être plus de contrats risqués. Mais si j'avais du mourir par sa lame, je le serais déjà. Et aux dernières nouvelles... j'étais bien vivante. En témoignait le cœur qui battait calmement dans ma poitrine. Je fis craquer un poignet et entrepris de brouiller le calme de l'eau du bout des doigts.
Je désignai doucement le bain du menton, d'où une vapeur continuait de s'échapper et se charger d'enfumer et de voiler l'air de la pièce.

- Une assassin désarmée qui plus est, à moins que vous cachiez une lame sous l'eau, ce que je doute. Et si c'était le cas, je ne vois rien qui serait susceptible de vous pousser à m'éliminer.

Mon sabre me gênant d'ailleurs je desserrai le ceinturon de cuir qui le portait et le déposai à ma gauche. Si j'avais peur ? Non. Avec ou sans armes, elle me battait. Comme avec Nuhada il y avait de ça 3 ans, il me restait les mots. Et il s'agissait de loin des meilleures armes. Ainsi, avec une pointe d'impertinence je revins aux yeux de l'assassin et à l'eau que j'aimais troubler.
Si je me mettais en danger à tant provoquer ? Toujours. Mais je n'en avais que faire. Je jouais avec le feu et le diable. Le danger ? Je me riais de lui. Mieux, j'aimais ça. Sans prises de risques, pas de satisfaction. Sans défis, pas de réussites. Sans dangers, pas de victoires.

Je lui lançai un regard cette fois amusé.

- Au risque que cela vous déplaise... (je retroussai une manche qui était tombée, croisai encore son regard), ce n'est pas une femme nue dans un bain, aussi belle soit-elle, qui va m'impressionner. Il va falloir trouver mieux.
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Deryn Basalt
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyJeu 23 Avr 2015 - 12:02

– À quoi sert une lame...

Ma main se leva, doucement, lentement, vers le visage de mon invitée.
Les doigts qui se posèrent sur sa joue étaient aussi légers et fugitifs que des pétales portés par le vent. L'éclat dans mes yeux était quant à lui presque empreint de pitié. Pitié envers une proie qui fanfaronne jusque dans la toile de l'araignée.

– ...à celui qui n'a pas le temps de l'utiliser ? susurrai-je alors qu'un sourire mi-figue mi-raisin s'épanouissait sur mes lèvres.

Une arme est un outil. Un outil est un objet et par essence, inanimé.
Un outil n'est utile que si celui ou celle qui le manie sait s'en servir et a le loisir de le faire.
Si la première des deux conditions était vraisemblablement remplie, qu'en était-il de la seconde ? Je ne fanfaronnais pas. Je baissai ma main, qui replongea dans l'eau chaude, et plantai un regard un peu dur dans celui de Lyra.

– Je n'ai pas envie de vous tuer, c'est vrai, fis-je sans sourire. "Cependant, une partie non négligeable de mes victimes étaient dans ce cas." Mais dites-moi, pourquoi faites-vous cela...?

Je n'aimais pas beaucoup parler, mais me doutant que cette phrase n'était pas suffisante à l'entière compréhension de ma pensée, je précisai aussitôt :
– ...pourquoi vous réfugiez-vous ainsi derrière l'humour noir, l'insolence... et les sourires moqueurs ? Croyez-vous vraiment que ça vous protège ?

Au contraire, peut être, car à cause de cela j'avais par moments envie de l'étrangler... ou de l'embrasser, pour effacer ces sourires cyniques de son visage d'ange, ces expressions qui lui donnaient des airs si hautains... et ses remarques désobligeantes.

Mes doigts immergés caressèrent un instant les carreaux lisses et sombres du bassin.
L'eau clapotait sur les bords du bassin creusé dans le sol de la petite pièce attenante au bureau.
Le masque dont elle se servait pour se protéger était une partie du problème. L'autre était ces malaises naissants –je ne savais pas qu'on pouvait appeler ça des émotions, n'en ayant pour ainsi dire jamais vraiment eut– et la vraie question était donc...

– Pourquoi êtes-vous là ? questionnai-je finalement en plantant mes yeux dans les siens avec un air presque... perdu sur les traits.



[désolée, c'est court]


Dernière édition par Deryn Basalt le Sam 25 Avr 2015 - 21:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyVen 24 Avr 2015 - 18:34

La peau de sa main sur ma joue me tira une grimace, intérieure. Je luttai pour rester de marbre, yeux plantés dans les siens, dans lesquels brillaient une lueur que je n'étais pas certaine d'apprécier. A cela vint s'ajouter sa voix, celle qui venait rappeler qu'elle était l'assassin, le prédateur et non la proie de mes provocations futiles. Je ne lâchai pas mon sourire impertinent pour autant, l'amusement se lisant toujours dans mes yeux. Je n'en démordrais pas. Son... travail ne m'impressionnait pas. Elle non plus. Du moins, pas ses menaces sous-jacentes.

- Mais dites-moi, pourquoi faites-vous cela...?

Je tiquai légèrement. Faire quoi ?

- ...pourquoi vous réfugiez-vous ainsi derrière l'humour noir, l'insolence... et les sourires moqueurs ? Croyez-vous vraiment que ça vous protège ?

L'humour noir, l'insolence, les sourires moqueurs. Hum. C'était une description bien rapide et superficielle. Si cela me protégeait ? Evidemment. Je n'étais pas le genre de personne qui perdait son temps en choses inutiles. Si tout n'était pas calculé, la majorité l'était. Les autres nous renvoyaient l'image qu'ils voyaient de nous. Mais cette image, nous la leur envoyions nous-même par nos actes et nos paroles. Jouer un rôle, c'était ne laisser personne toucher en plein cœur. Mais où était la frontière, le pas, la limite entre jouer un rôle et porter un masque.

Les masques se brisaient.
Les masques se retiraient.
Et ils n'avaient qu'un seul visage.

Alors que les rôles se jouaient.
S'incarnaient.
Se vivaient.

Ils pouvaient même se changer.
Un rôle c'était tout à la fois : le masque, le visage, les traits de personnalité, l'énonciation, la démarche.

La protection apportée par le port d'un masque était infime. Un éclat, une brisure et le masque se déchirait, dévoilant le cœur à l'entièreté du monde. Là où l'acteur, lui, jonglait d'un rôle à l'autre, comme dans des bottes confortables adaptées aux saisons et au terrain. L'acteur faisait le rôle sien, le personnalisait. Il se fondait au rôle et le rôle à lui. Jouer la carte de l'humour noir et l'impertinence était un rôle. Celui que j'avais commencé à porter en quittant Port-Escale, à 17 ans. Celui que j'avais décidé de prendre pour me défendre et qui avait tenu les hommes à l'écart. Certes, les problèmes n'avaient pas fui pour autant, eux, mais je m'y attaquais depuis de manière plus adéquate.

L'humour cinglant, l'insolence, c'était une manière de me mettre à l'abri, de prendre la distance dont j'avais besoin pour comprendre sans que ça ne semble trop sérieux.

Elle me demandait si ça me protégeait vraiment ?

Evidemment.

- Pourquoi êtes-vous là ?

Que de questions, que de questions.

J'avais plusieurs options pour répondre. Rester dans le rôle. Ou en changer. Mais pour l'interrogation que j'avais l'intention de poser, mon choix était déjà fait.
Un sourire franc, sincère, doux vint balayer l'air narquois qui habitait mon visage. Le regard que je posai désormais sur l'assassin était calme, posé. Je choisis de répondre à la première interrogation.

- Et vous, croyez-vous qu'être la première à attaquer et menacer vous protège vraiment ? lui demandai-je doucement.

Elle voulait faire tomber le masque ? Elle ne réussirait à me faire changer de rôle. Mais j'étais sûre d'une chose, elle n'était pas celle qu'elle donnait à voir non plus.

- Et de tout ?

Comme on disait sur nos bateaux perdus en pleine mer, luttant contre vents et marées, ou au contrairement luttant contre l'ennui des jours trop calmes : les femmes étaient un océan de secrets. Elles étaient comme l'océan triomphant, calme et paisible, imprévisible et tempétueux ; mais surtout, elles gardaient des trésors insoupçonnés et des secrets bien enfouis.

Il se trouvait que j'aimais tout autant les trésors que les secrets. Aussi bien ceux de l'océan, que ceux des femmes.

- Et pourquoi je suis là ?

Je baissai les yeux l'espace d'un instant, faisant tourner une bague du bout des doigts et articulai légèrement, comme un aveu inavouable.

- Par curiosité...

Il me semblait n'avoir pas réellement d'autres réponses possibles. C'était celle qui était plus à propos. La curiosité...

J'étais intriguée, c'était tout simplement ça. J'étais intriguée par sa démarche silencieuse et féline, par son regard glacial et incendiaire, mais surtout, j'étais intriguée par son ombre. L'ombre qui, pâlement cachée par le masque, ne désirait qu'être mis en lumière. J'étais intriguée par le fond, le cœur. La forme n'était souvent là que pour enjoliver, éblouir et ainsi voiler un fond qu'on désirait garder secret.

Or, je l'avais dis. J'aimais les secrets.

Mon regard retourna sur elle.

- Et vous, pourquoi avez-vous laissé la porte entrouverte ?
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyVen 24 Avr 2015 - 22:24

Soudain, elle se métamorphosa.
Son expression passa de l'insolence à la sincérité en une fraction de seconde.
Dire que cela me surprit au plus haut point serait un pur euphémisme. À chacune de nos rencontres, à chacun de nos échanges. Lyra n'avait cessé d'être moqueuse, de jouer la carte du cynisme. Personne ne m'avait prévenu qu'elle était capable de prendre les choses au sérieux.

J'avais fait cette remarque à moitié pour exprimer ma frustration, et à moitié en étant certaine de ne pas être entendue, ou qu'elle me réponde comme à son habitude : par la moquerie. Ceci explique probablement pourquoi je restai parfaitement sans voix face à ce sourire direct et doux.

Je me figeai devant sa question, posée avec... trop de douceur.
Et baissai aussitôt mes yeux vers les vaguelettes créées par mes mouvements et les cercles par les gouttes d'eau s'échappant de mes mèches détrempées. En une seule phrase, cette femme venait de briser la pellicule de glace qui enserrait mon cœur. Je n'avais jamais eut de famille, et très peu d'amis. Pas d'attaches. Pas de... c'était quoi déjà ? "sentiments" ?

Je ne m'étais presque pas rendue compte que mes paroles pouvaient être perçues comme des menaces. Après réflexion, peut être, en un certain sens... mais je pensais surtout à ce qu'il y avait derrière. Car tout simplement, j'essayais de comprendre. Comprendre pourquoi quelqu'un qui n'était pas un assassin lui-même voudrait de moi. Mon cerveau entier me hurlait au piège, tandis que le reste de mon corps me suppliait de ne pas briser cet instant.

– Ce... ce n'était pas fait pour être menaçant. fis-je en commençant à rougir, yeux toujours rivés sur l'eau. Je me demande juste pourquoi quelqu'un essayerai de se rapprocher du monstre le plus recherché du continent...

Après avoir dit ça, je me sentis un peu soulagée.
Voilà, je l'avais dit. Les gens ne voulaient pas de moi à l'instant même où ils comprenaient qui j'étais. Je devais utiliser des charmes, des sorts, des capuches pour cacher mes yeux et parfois mes cheveux aux citoyens des royaumes humains. Sinon, ils criaient, ou ils avaient peur, ou ils appelaient les gardes, ou parfois tout cela à la fois.

Mais pas elle, pas Lyra. Pourquoi ?
Pourquoi, au nom de tous les dieux ?

– Par curiosité...

Mes paupières s'écarquillèrent.
Elle avait articulé ces deux mots comme on avoue une sorte de crime.
Embourbée dans mes histoires, j'en avais presque oublié ma propre question.
Cette réponse était parfaitement inattendue et terriblement frustrante à la fois.
Parce qu'elle en disait à la fois trop et pas assez.

– Et vous, pourquoi avez-vous laisser la porte entrouverte ?

Mon cœur rata un battement.
Encore une question particulièrement troublante.
Pourquoi m'étais-je laissée pister ? Pourquoi avais-je invité Lyra jusqu'ici, au milieu de la guilde ? Et pourquoi avais-je laissé en défiant toutes les lois de ma guilde, ma foutue porte entrouverte ?

– Je... je ne sais pas...

Un ange passa.
Je me sentais si ridicule...
D'une impulsion, je me retrouvai au centre du bassin, juste assez profond pour que la pointe de mes pieds en touche le fond, et dans le même instant, d'une torsion, je me retournai vers mon invitée. Une protection bien inutile...

Voilà ce que je ne voulais pas admettre.
Que si mon cœur battait si vite, ce n'était pas à cause de l'alcool, que si mon sang affluait autant vers mes joues, ce n'était pas sous effet d'une drogue, et que si mon regard était captivé, ce n'était pas parce que mon instinct me prévenait d'un piège ou d'une manipulation.
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptySam 25 Avr 2015 - 20:17

Le monstre le plus recherché du continent.

Tels étaient ses mots. Mais je ne voyais pas un monstre aujourd'hui, ni même depuis que je l'avais rencontrée dans la taverne, une semaine auparavant. Certes j'y avais vu une femme, qui, de noir vêtue et au bras de l'elfe, avait un air de veuve noire. Certes, j'y avais vu une femme incontestablement dangereuse, impénétrable, presque glaciale. Mais cette femme m'avait sauvée la vie. D'un carreau sorti des ténèbres elle avait abattu le chien furieux qui avait manqué de peu d'avoir ma peau, même si je me refusais à l'avouer. Elle aurait pu me laisser à sa merci, comme elle aurait pu tourner les talons et s'enfuir. Et elle ne l'avait pas fait.

Je ne voyais pas ce « montre » recherché de tous aujourd'hui. A moitié immergée dans le bassin, j'y voyais une femme. J'y voyais des boucles rousses dessinées à merveille. J'y voyais un visage fin parsemé de délicates taches de rousseur. J'y voyais un regard où se mêlaient neige et feu. J'y voyais des lèvres fermées, comme cousues par habitude. J'y voyais un trait blafard, qui, partant de sa clavicule droite criait à mes yeux qu'on ne pouvait rien imaginer de la complexité de son histoire. J'y voyais une femme. Forte et à la fois fragile. Un être humain à part entière. J'y voyais une personne profonde et délicate, emprisonnée par un étau dont je ne pouvais comprendre l'existence.

Je ne connaissais guère l'ampleur de la monstruosité qu'on lui accordait. A vrai dire, je ne connaissais rien de cette femme. Sa route avait croisé la mienne, cette fameuse nuit dans la taverne, et dès lors que mon regard avait croisé le sien, j'avais su que je ne pourrais la laisser filer si rapidement. Par chance, après l'enchaînement d'événements qui nous avait conduites sur le Dernier Baiser, je l'avais recroisée. Elle avait failli s'échapper à ma vue pour toujours mais il avait fallu que je la reconnaisse dans la foule. Que prise d'un élan inconnu je décide de la suivre et que je trouve cette porte entrouverte.

Elle ne savait pas les raisons pour lesquelles elle l'avait laissée ainsi, d'ailleurs. Son « je ne sais pas » était doux et prononcé de telle manière qu'il ressemblait au murmure des vents légers des matinées de printemps. Il plana un instant sur la pièce, où les chandelles éparpillées ça et là se chargeaient de créer une atmosphère bienveillante, avant que sûrement de façon inconsciente elle se réfugie au centre du bassin, brisant le silence qui s'était joint à sa réponse si frustrante.

Elle ne savait pas pourquoi, et moi je restais assise, à la regarder, ayant cru une fraction de secondes que j'aurais eu le droit à une réponse plus précise.
Pouvais-je lui reprocher de ne pas savoir ? Savais-je pourquoi j'étais ici, moi ? Savais-je pourquoi depuis notre première rencontre, je ressentais cette attirance insoupçonnée ? Savais-je pourquoi je l'avais suivi, pourquoi j'étais encore là, assise au bord d'un bassin dans une pièce perdue dans un labyrinthe de couloirs sombres ? Savais-je pourquoi ?

La curiosité. Cela pouvait tout et rien dire. Et plus rien que tout.

Mon regard glissa sur son dos nu. Je fermai les yeux un instant, soupirai mentalement. Pourquoi étais-je là. Pourquoi. Je ne devrais pas. Ce n'était pas ma place. Même si je doutais connaître réellement l'endroit qui pourrait être mien, je savais que je n'avais rien à faire ici. Je n'aurais jamais du la suivre. Je n'aurais jamais du. Pourtant, j'étais là. Et maintenant que j'y étais, le doute m'enserrait. Que pouvais-je bien faire ?

Elle se retourna vers moi. Offrant à mes yeux la vue de ses traits.

Je me demandais...

- Je n'ai pas refermé la porte à clé. Personne ne risque d'arriver ?

Le bassin me lançait des appels sourds. Mes pieds avaient besoin de douceur et d'eau chaude. Chaleur que l'eau des bassins du navire n'avait pas la chance de connaître. Il ne fallait être difficile. L'eau chaude c'était à terre, sinon, c'était de l'eau glaciale. Et encore, si on faisait partis de ceux qui avaient le droit de s'y laver tous les soirs.

Je tiquai soudainement, me rappelant que je ne savais rien sur cette femme. Même pas son nom. En délaçant une première botte, je me risquais à commencer :

- En fait, je ne crois pas avoir eu connaissance de votre nom.

Je la retirai et la posai à côté de moi. Son cuir était usé, fatigué par les voyages et les intempéries mais je n'avais pas de quoi gaspiller en choses si futiles. Les lacets eux aussi manquaient de tomber en poussière à force d'être délacés. J'avais de l'argent, de l'or, certes, mais pas pour des bottes.
Je passai à la suivante.

- Comment vous appelez-vous ?

La délaçai, la posai avec l'autre. Retroussai légèrement mon pantalon de toile et entrai mes pieds dans l'eau chaude et délicieuse. Là, je m'appuyai sur mes mains, de part et d'autre de mes jambes et regardai le fond. Le carrelage du bassin était aussi sombre que la pièce, mais les jeux de lumières des bougies vacillantes s'accordait avec le noir des carreaux.

Je relevai les yeux sur l'assassin, esquissai un sourire léger, contrôlant pensées et émotions qui se fracassaient en moi.

- Je ne vois aucunes raisons pour lesquelles le monde entier le connaîtrait sauf moi...
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptySam 25 Avr 2015 - 21:54

– Je n'ai pas refermé la porte à clé. Personne ne risque d'arriver ?

Il est vrai que j'avais à demi compté sur le fait que personne n'aurait l'idée d'entrer.
Une fois Sen mort, j'avais choisi d'installer mes quartiers dans une partie des égouts peu empruntée, et peu connue des autres assassins. Mais il est également vrai qu'il restait un risque. Et étant donné que ce que nous faisions pouvait passer pour...

Pour...
Pour quoi exactement ?
Avais-je oublié que l'amour communément admis dans cette petite partie de l'univers, était entre un homme et une femme ? Je rougis de plus belle. Peut être mais... je n'avais jamais été attirée par un homme. En fait, je n'avais jamais été attirée par qui que ce soit.

Sauf par cette femme.
Ce qui en faisait peut être la plus belle femme ce pan de l'univers.
Par conséquent, les règles communes ne s'appliquaient pas sur une telle femme, non ?
Femme qui s'appliquait présentement à délasser –lascivement ? non, c'était dans mon imagination– une de ses bottes. Moi qui hésitais à l'inviter ou non, voilà qui arrangeait ma conscience. Ce n'était pas ma faute –ou presque.

Après sa première phrase, un léger silence s'installa, un instant haut perché dont je n'osai pas briser la bulle, malgré la question parfaitement visible.

– Comment vous appelez-vous ? spécifia-t-elle si besoin en était, tout en s'attaquant à la seconde chaussure.

Finalement, elle retroussa le bas de son pantalon jusqu'aux genoux.
Et glissa ses pieds dans l'eau. Je ne connais la raison pour laquelle la vue de ses simples tibias déclencha une telle confusion en moi. Ce n'était pas comme si je n'avais jamais vu de jambes, ni même ce qu'il y avait plus haut. Toute la différence venait probablement du fait que je n'avais jamais vu
ses jambes.

Le sourire qu'elle m'offrit écarta mon regard de sa peau pour le capturer irrémédiablement.
C'était un sourire doux et léger, le deuxième en à peine quelques minutes, alors qu'auparavant j'ignorais encore qu'elle en était capable.

Si on prête l'oreille aux bavardages à l'intérieur de la guilde, on apprend toutes sortes de choses.
Les plus vieux de mes confrères ont souvent tendance à reprocher aux choses de changer trop vite à leur goût, chose que je trouvai ridicule jusqu'à présent. C'était la première fois que je comprenais ce sentiment, la première fois que j'expérimentais cette sensation.

Si elle changeait si vite en si peu de temps, qu'allait-elle faire dans une minute ?
Dans deux ? Dans quinze ? Et dans une heure ? Ou dans trois ? Sans parler du jour suivant...

– Je ne vois aucunes raisons pour lesquelles le monde entier le connaîtrait sauf moi...

Mes yeux pétillèrent d'amusement alors qu'un sourire redessinait mes lèvres. Cette femme était donc également magicienne, pour changer mes phrases en remarques si drôles ? Son air presque boudeur m'aurait presque donné envie de la réconforter, s'il n'était si simple de la contenter.

– Le nom que le monde entier connaît n'est pas vraiment un nom... Les hommes et les femmes qui ne me connaissent pas m'appellent Dernier Regard, à cause de... (je fis rouler vers le ciel mes yeux dissymétriques, puis lâchai un rire nerveux) Quant à moi, je laisse mes amis m'appeler Deryn... Deryn Basalt.

Cette sensation de mise-à-nue était étrange.
Je n'avais jamais accordé tant d'importance à mon prénom, pourtant.
Ce n'était même pas celui d'origine, mais celui-là se cachait très bien, depuis onze ans, alors...
Je laissai les plantes de mes pieds toucher les carreaux du fond, et l'eau dépasser mon menton puis mes lèvres pour venir créer un masque liquide sur le bas de mon visage.

C'est alors que sa première interrogation me revint à l'esprit.
Le risque zéro n'existait pas. Ce n'était pourtant pas une raison pour tenter le diable, quand il est si facile de le faire passer ce risque de vingt pour cent à presque zéro ? Je sortis donc simplement du bassin, sortis de la pièce, fermai à clef la porte du bureau, puis retournai dans la salle de bain –dont j'en profitai pour fermer aussi le battant, quoique pas à clef.

Lorsque je revins, toujours aussi trempée et toujours aussi nue, je m'arrêtai dans le dos de Lyra.
– Il y avait peu de risques que quelqu'un vienne, mais maintenant il n'y en a aucun. (légère pause) Auriez-vous posé cette question... (je me penchai à son oreille pour continuer, laissant quelques unes de mes boucles alourdies par l'eau effleurer son épaule) ...parce que vous avez prévu de rester ?
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyDim 26 Avr 2015 - 12:20

Une pointe de malice éclaboussa ses yeux et son sourire.

– Le nom que le monde entier connaît n'est pas vraiment un nom... Les hommes et les femmes qui ne me connaissent pas m'appellent Dernier Regard, à cause de... 

La regarder dans les yeux me suffisait pour comprendre. On ne pouvait guère oublier ce regard, ni même le soutenir à souhait. Je devais même avouer qu'il avait quelque chose d'assez effrayant. Néanmoins, les iris qu'elles avaient planté dans les miennes ne me hurlaient point de menaces.

- Quant à moi, je laisse mes amis m'appeler Deryn... Deryn Basalt.

Deryn.
Deryn Basalt.

Ca sonnait bien.
Alors que j'y réfléchissais justement, elle entreprit de sortir du bassin. Elle remonta une marche et s'extirpa de l'eau chaude. Des gouttes glissaient le long de sa peau légèrement hâlée, tombant dans le creux de ses reins... Je détournai les yeux, me refusant à comprendre quelles étaient les sensations qui venaient de faire frissonner mon corps, et retroussai de nouveau les manches de ma chemise en toile ainsi que mon pantalon qui finissait par frôler l'eau.

Un son lointain m'apprit qu'un verrou venait de se fermer. Ainsi... j'étais désormais enfermée. Je n'avais plus d'issue facile à emprunter en cas de problèmes majeurs. C'était malin de l'avoir souligné d'ailleurs. Même si je doutais risquer quelque chose avec elle, j'avais, en posant cette question, coupé court à toute possibilité d'évasion. La réalité qui me frappait me rappelait à quel point je n'aimais guère les lieux clos et surtout verrouillés. Je serrai les dents, luttant contre l'angoisse sourde qui m'avait toujours habitée dans ce genre de situations même. Je n'avais jamais aimé ça. Un battant de bois se referma dans un léger grincement.

– Il y avait peu de risques que quelqu'un vienne, mais maintenant il n'y en a aucun. Auriez-vous posé cette question...

Perdue dans mon combat contre la peur d'être ainsi enfermée, je ne l'avais pas entendue revenir. Aussi frissonnais-je quand des cheveux humides et tièdes s'échouèrent sur mon épaule et sur mon cou. Elle s'était penchée, juste derrière moi.

- ...parce que vous avez prévu de rester ?

C'était un simple murmure du bout des lèvres, chuchoté avec malice à mon oreille. Cette femme était impossible. Je n'avais aucun plan. Je ne savais ni pourquoi j'étais ici, ni ce que j'avais prévu de faire. En fait, pour tout dire, je n'avais rien prévu du tout. Il y avait juste quelque chose en cette femme qui m'attirait plus que quiconque. J'avais eu quelques relations avec des hommes, mais jamais je ne m'étais sentie si intriguée, si absorbée par un regard, si suspendue à une courbure de lèvres.

En réalité, je ne m'étais jamais posée la question jusqu'à lors. Fréquentant un milieu d'hommes depuis la majorité, je n'avais guère pu expérimenter la grâce et la délicatesse des femmes. Je sortais bien évidemment Nuhada de la liste, si c'était une femme sublime, les rapports hiérarchiques qui nous liaient m'avaient toujours gardé de la reluquer.
Mais cette femme là dégageait bien plus que John Long Silver. Tout mon corps me poussait à répondre à ses appels mais je ne pouvais le faire. Certes, la porte était désormais verrouillée, mais les lois du monde interdisaient... ça.

Dans le plus simple appareil, elle n'avait qu'un air de dangereuse tentatrice. Je tournai légèrement la tête, de façon à ce que ses lèvres effleurent ma joue, et esquissai un léger sourire. Impertinent.

- C'était effectivement dans mes plans.

Au diable les lois.
Au diable les ordres.

J'avais toujours éprouvé un sentiment de liberté en brisant les barrières imposées. Si elles me nuisaient, je les abaissais. Ca avait toujours été aussi simple que ça. Ce n'était pas pour rien que le monde de la piraterie m'avait tant ouvert les bras et que j'y étais aussi bien à mon aise. Les pirates avaient un code, leur code, leurs règles, mais n'avaient cure de celles du continent. Seul le Code comptait. Et bien que j'imaginais que l'interdiction présente soit implicite, ça n'était pas écrit.

Je sortis mes jambes de l'eau et pivotai entièrement avant de m'asseoir en tailleurs, face à elle. Là, je haussai un sourcil moqueur en plantant mon regard dans le sien. Le rôle reprenait le dessus. Piètre défense il fallait l'avouer face à cette femme qui insinuait le doute en moi et réveillait des émotions enfouies depuis bien longtemps. Si je n'avais été attirée que très partiellement par les hommes, elle, était un véritable aimant. Et j'employais toute ma force pour lutter.

Elle avait posé un genou à terre, aussi son visage, me surplombant légèrement, était tout proche. Je levai une main vers sa joue, la caressai du revers, suivant les légers tatouages sur sa peau, et l'attirai doucement à moi. Sourire en coin aux lèvres, je manquai de frôler les siennes :

- Puis-je vous appeler Deryn ?

Pause. J'accentuai mon sourire.

- Ou ai-je le droit à un dernier regard avant que vous décidiez finalement de mettre fin à ma vie ?
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MessageSujet: Re: Une impromptue et téméraire visite [Lyra]   Une impromptue et téméraire visite [Lyra] EmptyDim 26 Avr 2015 - 13:26

Mon cœur rata un battement.
Mon invitée avait tourné la tête, et mes lèvres avaient frôlé sa peau.
Elle n'avait pas pu ne pas le faire exprès. Le sourire qui étira ses lèvres tentatrices me confirma ce que je savais déjà sans pouvoir l'assumer. Quand à ses paroles, elles allumèrent en moi un feu absolument inextinguible :

– C'était effectivement dans mes plans.

Il en rata un second.
Jamais je n'aurais pensé obtenir une réponse pareille à la question que je venais de poser.
Jamais je n'aurais pensé que non seulement ma tentative de séduction soit couronnée de succès, mais encore moins que les rôles s'inverseraient et qu'elle aussi me séduirait.

C'était à la fois trop beau pour être vrai...
...et trop vrai pour que j'ose remettre ses paroles en question.

Mes lèvres se séparèrent avec un bruit soyeux, mais aucun son ne sortit de ma gorge trop sèche.

Lyra s'était mise en mouvement.
Elle s'était extirpée à l'eau délicieusement chaude pour se tourner face à moi.
Et planter son regard dans le mien. Il m'était impossible de parler, mais aussi impossible de bouger, capturée par ses prunelles.

Moqueuses ?
Non. Le sourire était moqueur, mais ses yeux étaient parfaitement sincères.
Elle ne pouvait plus se cacher. Elle ne pouvait plus me tromper avec ce masque, ou rôle puisqu'un masque se fissure et s'enlève. Elle était bonne comédienne, mais... pas assez pour ça. Elle pouvait bien lutter, elle ne pouvait plus me mentir.

Mais c'était comme si elle n'en avais déjà plus l'intention.
Malgré son sourire, la main qui se leva vers mon visage tremblait légèrement, à moins que ce ne soit mon imagination. Je ne résistai pas un seul instant à son appel. Nos souffles à quelques centimètres seulement l'un de l'autre, elle esquissa un sourire en me posant une question qui manqua de se faire se frôler nos lèvres :

– Puis-je vous appeler Deryn ? (elle fit une légère pause, me voyant pendue à ses lèvres au sens propre comme au figuré) Ou ai-je le droit à un dernier regard avant que vous décidiez finalement de mettre fin à ma vie ?

Je n'arrivais plus à penser à rien.
Tout ce que je savais à ce moment-là, c'est que si je la tuais je devrais me tuer ensuite, car il me serait impossible de survivre après ça. Survivre au fait de l'avoir tuée. Et tout simplement survivre sans elle.

Un simple "Jamais je ne ferais une chose pareille." me semblait beaucoup trop fade et convenu.
Je ne savais plus ni penser ni parler, je choisis de répondre à sa première question, un peu plus facile...

– Appelez-moi comme vous voudrez... murmurai-je en un souffle, avant de finalement répondre à sa seconde interrogation) Mais sachez qu'ensuite, vous ne pourrez plus vous enfuir...

Mais je n'étais déjà, moi non plus, maître de mon corps.
Mon visage fondit sur le sien, pas comme un faucon sur sa proie, ni comme les vagues qui étreignent violemment les rochers escarpés et dentelés, mais avec une vivacité et une douceur dont j'ignorais même être capable, et que je ne m'explique pas.

Un instant se créa, et se figea, aussi haut perché que les drisses des plus hauts mâts.
J'avais fermé les yeux, ces yeux qui avaient fait ma renommée, et mon esprit n'était plus peuplé que d'elle. Lyra. Je glissai une main sous sa nuque, comme dans un rêve dont je n'étais plus que spectatrice.

Et pourtant, je désirais chacun de mes gestes.
C'était ce que je découvrais avec étonnement, là, dans mes propres quartiers, sur le carrelage que j'avais foulé des centaines et des centaines de fois, entre des murs trop connus et à la fois parfaitement étrangers. Parce que je me sentais absolument étrangère à moi-même dans la situation dans laquelle je m'étais moi-même jetée, et la tête la première.

C'est alors que je me redressai subitement, presque brusquement.
Un bruit venait de retentir dans le couloir. Quelqu'un y passait. Je faillis tenter de me détendre en me disant que ce n'était rien, mais les pas étaient vifs et légers, je les aurais reconnus entre mille. Et ils se dirigeaient par ici.

Ne sachant pas comment régler le problème et espérant sans trop y croire qu'il se règle tout seul, je mis un doigt devant mes lèvres pour intimer à Lyra le silence, me levai souplement et ouvris la porte de la salle de bain pour me poster derrière celle qui donnait sur le couloir, dans le bureau.

Je n'avais rien à craindre de mes collègues.
Mais Lyra si. Et celui qui s'approchait... était tout simplement imprévisible.
Je savais qu'il ne ferait rien contre moi, mais contre Lyra, rien n'était moins sûr. L'Ombre était comme un sac de poudre avec une mèche dont on ne connaissait pas la longueur. Cela était certes l'une des raisons pour lesquelles nous étions devenus et restés amis mais... cela s'avérait parfois dangereux.

Un coup léger fut porté au battant.
Suivi de près par un second.

– Deryn ? Je sais que tu es là, ouvre s'il te plaît.

Je grinçai des dents. Comment pouvait-il savoir ça, lui ?
Je jetai un coup d’œil au battant que j'avais fort heureusement refermé une poignée de secondes plus tôt. Au moins avais-je une excuse pour ma tenue... inexistante.

– Je sors de mon bain, fis-je calmement, d'une voix un peu traînante, qu'est-ce que tu veux ?
– Oh, trois fois rien, j'aimerais te parler de quelque chose. Prends le temps de t'habiller.

J'hésitai un instant à l'envoyer paître.
Après tout, je faisais ce que je voulais, je n'avais ni ordres ni conseils à recevoir de la part de l'Ombre. Puis, en soupirant, je fis ce qu'il me demandait. Parce que je ne voulais surtout pas avoir un comportement étrange alors que j'abritais une non-initiée. Enfin, j'ouvris le battant, qui dévoila Néri affublé d'un large sourire.

– Tu as été vigilante aux allées et venues dans la guilde ces derniers temps ?
– Je rentre de voyage, articulai-je en lui lançant un regard à mi-chemin entre la lassitude et l'amusement. Et toi aussi d'ailleurs.
– Mmh, c'est bien vrai, mais depuis ce matin ? Tu n'as rien vu ?
– Rien.
– Ah, c'est bien dommage, tu es l'une des plus douées quand il s'agit de retrouver les espions perdus dans notre douce demeure labyrinthique.

Ce qu'il disait avait un certain sens.
Ce que je ne comprenais pas en revanche, c'est pourquoi il venait me déranger pour si peu. Si il l'avait aperçu, il aurait déjà dû s'en occuper, avant d'aller faire un rapport aux Cinq. Ou alors, il ne l'avait pas vu lui-même...

– Qu'est-ce qui te fait penser qu'il y a quelqu'un ?
– Un apprenti qui passait par là, en fait. Mais tu sais comment ils sont, toujours à s'inquiéter pour rien... un courant d'air, une porte qui claque... tu n'as rien vu ?

Je soupirai, un tantinet énervée.
Vivement qu'il se trouve un apprenti, celui-là, parce que j'en avais marre qu'il chouchoute tous ceux qu'il voyait. M'avait-il réservé le même traitement de faveur, en première année ?

– Bon, écoute, je sors de mon bain et j'aurais bien aimé me mettre au travail avant la nuit. Donc si tu as quelque chose à me dire, dis-le, sinon, tu peux faire la chasse aux fantômes tout seul.

L'expression étonnée qu'il prit me fit me rendre compte de l'erreur que je venais de commettre.
Deryn Basalt n'aurait jamais décliné une partie de traque dans les couloirs et passages secrets de la guilde qu'elle connaissait comme sa poche. Sans compter le plaisir qu'elle éprouvait quand elle prenait l'espion la main dans le sac. Voir leur expression passer de la joie à la frayeur la plus absolue était pour elle un met des plus délicieux.

La même Deryn Basalt qui n'aurait jamais autorisé qui que ce soit à squatter son bain.
Que lui était-il arrivé ?

Fort heureusement, l'Ombre ne parut pas se formaliser outre mesure de mes écarts et haussa les épaules. Il est vrai qu'il ne m'avait pas vu depuis près de quatre ans.

– Tu as changée... Je me disais juste que ça aurait pu nous rappeler le bon vieux temps, même s'il n'y avait pas vraiment d'espion.

Je n'osais risquer aucun coup d’œil vers la porte encore entrouverte de la salle de bain.

– Nous ne sommes plus des enfants, fis-je d'une voix plus posée et avec un demi-sourire. Il est peut être temps que nous agissions en adultes, tu ne crois pas ?

Je me rendis compte que je ne pensais pas un traître mot de ce que je venais de dire.
Où en étais-je rendue ? Quels compromis, quels mensonges allait-il encore falloir que je tisse pour protéger Lyra ? Mes émotions et mes pensées s'agitaient sous mon visage lisse et souriant. Souvent, j'avais eut à mentir et à tromper. Mais jamais à l'Ombre. Et jamais cela n'avait été fait sous le coup de l'émotion, il y avait toujours eut un plan...

Aujourd'hui, je n'en avais aucun.
Simplement la sensation impérieuse que je devais la protéger.
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